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La flambée des prix de l’énergie — électricité, gaz, carburants — constitue aujourd’hui un défi majeur pour les petites et moyennes entreprises (PME) en France. Entre 2021 et 2022, les dépenses énergétiques des PME ont augmenté en moyenne de 31 % selon une étude du Centre d’analyse économique (CAE). Face à cette situation, comment réagissent ces entreprises ? Quelles stratégies adoptent-elles pour préserver leur compétitivité et leur trésorerie ? Cet article explore les principaux leviers d’adaptation, les soutiens publics disponibles, et les défis qui subsistent.

1. Un contexte complexe pour les PME

L’envolée des coûts énergétiques résulte de plusieurs facteurs : la reprise économique après la crise COVID, les tensions sur les marchés du gaz et de l’électricité, et l’impact de la guerre en Ukraine sur les approvisionnements.
En France, l’institut Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) note que le prix de l’électricité pour les entreprises non-résidentielles a augmenté de 38 % entre 2019 et 2022. Pour les PME — moins grandes que les industries mais déjà très exposées — les effets se traduisent par une hausse significative des factures, une pression accrue sur les marges, et des efforts accrus pour s’adapter.
Par ailleurs, la régulation française a mis en place des mécanismes afin de limiter les effets les plus brutaux : un « bouclier tarifaire », des aides spécifiques.
Mais malgré ces mesures, la montée des dépenses reste forte : « Entre 2020 et 2021, la croissance moyenne des dépenses d’énergie était de 27 % pour les PME, puis de 31 % en 2022. »
Ce contexte rend l’adaptation indispensable.

2. Quelles stratégies d’adaptation pour les PME ?

Les PME mobilisent plusieurs pistes — certaines à court terme, d’autres plus structurelles.

a) Optimiser la consommation énergétique
La réduction des consommations est souvent le premier réflexe : mise en place de gestes simples (extinction des lumières, réglage des chauffages, organisation des plages horaires, etc.), suivi de la consommation, voire investissements plus lourds en isolation, équipements à meilleur rendement.
Un programme d’État, baptisé Baisse les Watts (« Turn down the Watts ») vise à accompagner les TPE et PME dans cette démarche, notamment via un « carnet d’énergie », un tableau de bord de suivi, et une formation dédiée.
Dans l’industrie, l’INSEE note que 36 % des établissements ont adapté leurs méthodes de production ou de travail face à la hausse des prix de l’énergie.
Ainsi, pour une PME, l’effort peut porter sur :

  • l’audit des consommations et identification des postes les plus énergivores ;
  • le suivi en temps réel ou régulier des factures et des usages (éclairage, climatisation, process) ;
  • le changement d’équipements ou l’isolation (portes, fenêtres, toitures) ;
  • la sensibilisation des salariés aux « éco-gestes ».
    Cet effort permet de contenir la hausse, voire de retrouver un certain niveau de maîtrise.

b) Augmenter les prix ou compresser les marges
Quand l’énergie pèse lourd, certaines PME choisissent de répercuter la hausse (totalement ou partiellement) sur leurs clients via une augmentation des tarifs. Selon l’INSEE, 52 % des établissements industriels ont ainsi augmenté leurs prix de vente en 2022. D’autres ont comprimé leurs marges — 45 % dans l’industrie ont dû le faire.
Dans l’univers des services ou de la PME-tertiaire, l’ajustement est plus délicat : le pouvoir d’achat des clients est limité, la concurrence forte, les marges initiales déjà réduites. La répercussion tarifaire n’est donc pas toujours totale. Certains chefs d’entreprise témoignent : « On ne peut pas tout faire porter sur le client ».
Cette double option (tarifs ou marges) est un « réflexe court terme », mais elle ne règle pas le problème de fond.

c) Investir pour la résilience énergétique
Pour aller plus loin, les PME misent sur des investissements qui vont durer : automatisation, équipements plus efficients, installation de panneaux photovoltaïques, recours à l’éclairage LED, contrôle intelligent de la ventilation/chauffage, voire contrats d’achat d’énergie renouvelable (PPA) ou autoconsommation.
Une étude de la Banque de France montre que les entreprises confrontées à des « chocs énergétiques » adaptent via plusieurs canaux : réduire la demande d’énergie, améliorer l’efficacité, optimiser leur usage entre sites, importer davantage d’intrants, etc. De plus, une enquête européenne montre que 75 % des PME sont prêtes à passer aux renouvelables pour faire face à la crise énergétique.
L’enjeu : amortir l’investissement via les économies futures, voir gagner en compétitivité sur le long terme.

d) Ajuster l’organisation et la production
Dans certains cas, notamment dans l’industrie ou l’artisanat, l’augmentation des coûts énergétiques pousse à revoir l’organisation : plages de production décalées, réduction des pics de consommation, automatisation ou robotisation réduisant la dépendance énergétique, voire externalisation d’activités fortement consommatrices.
L’INSEE observe que 29 % des établissements ont investi pour réduire et optimiser leur consommation selon l’Insee.
Pour une PME, cela peut se traduire par : revoir les horaires de fonctionnement, limiter les heures creuses/périodes de consommation intensive, mutualiser certains équipements, ou repenser les process.

3. Le rôle des aides publiques

Face à cette crise énergétique, l’État français a prévu plusieurs dispositifs pour soutenir les PME.

  • Le « bouclier tarifaire » a permis de maintenir le prix de l’électricité pour les plus petits consommateurs à un niveau plafonné.
  • Le « guichet d’aide au paiement des factures de gaz et d’électricité » s’adresse aux TPE/PME ayant vu leurs coûts exploser.
  • L’« amortisseur électricité » est un dispositif destiné aux entreprises de moins de 250 salariés pour limiter l’impact des hausses d’électricité.
  • Au niveau européen, un programme de 17,5 milliards d’euros a été annoncé pour aider plus de 350 000 PME à améliorer l’efficacité énergétique et la transition verte.
  • Le programme « Baisse les Watts » offre un accompagnement gratuit pour la réduction des consommations des TPE/PME.

Pour une PME, il est crucial de se renseigner sur l’ensemble de ces dispositifs, de vérifier son éligibilité, et de déposer les demandes — les délais peuvent être contraignants. Les chambres de commerce, les chambres des métiers ou les conseillers ad hoc peuvent être d’une aide précieuse.

4. Deux cas concrets (exemplaires)

Voici deux illustrations type (anonymisées) de PME ayant engagé des actions pour s’adapter.

  • Une PME de fabrication (secteur léger) : face à +30 % de facture énergétique, elle a lancé un audit interne, remplacé les lampes par des LED, régulé le chauffage selon les horaires, et signé un contrat de fourniture avec une option heures creuses + suivi de consommation. Résultat : une réduction de 15 % de la facture sur 12 mois, ce qui l’a aidée à stabiliser sa marge.
  • Une PME-services dans l’hôtellerie/restauration : l’augmentation des coûts (électricité, gaz, transport) rendait impossible la simple répercussion sur les prix. L’entreprise a donc réduit ses ouvertures, limité certaines fonctions énergivores (spa, sauna), formé le personnel aux gestes d’économie, et investi dans des pompes à chaleur. Elle s’est également inscrite dans un programme national de soutien.

Ces exemples montrent que, même dans des contextes très tendus, l’adaptation est possible — mais elle demande du temps, des moyens, et une vision proactive.

5. Les limites et défis persistants

Bien que nombreuses soient les PME qui s’adaptent, plusieurs freins restent importants :

  • Capacité d’investissement réduite : les PME disposent souvent de marges faibles, d’un accès au crédit plus limité, et ne peuvent pas toujours envisager des investissements large échelle.
  • Visibilité incertaine : la volatilité des prix de l’énergie rend difficile la planification à moyen, long terme. Comment anticiper ?
  • Compétitivité internationale : pour les PME exposées aux importations/exportations, la hausse des coûts énergétiques pèse sur la compétitivité. L’étude de la Banque de France montre que ces entreprises ajustent mais que l’impact reste sensible.
  • Inégalités entre secteurs : les entreprises très énergivores (métallurgie, chimie, verre) souffrent plus que d’autres. Pour les PME de services, l’impact est moindre mais l’ajustement reste plus difficile à amortir.
  • Ressources humaines et temps de gestion : s’engager dans un audit, suivre la consommation, déposer les dossiers d’aide, former le personnel… cela mobilise des ressources souvent déjà saturées.
  • Maturité en transition énergétique : selon une étude du Bpifrance LeLab, 68 % des dirigeants de PME/ETI ne considèrent pas l’adaptation au changement climatique comme un sujet stratégique… ce qui rend l’engagement plus lent.

6. Perspectives et recommandations

Pour que les PME puissent non seulement survivre à la crise actuelle, mais aussi en tirer profit pour gagner en résilience et en efficacité, quelques pistes émergent.

Intégrer l’énergie comme variable stratégique
L’énergie ne doit plus être un « poste » mais un levier d’action : suivi régulier des consommations, benchmarking interne et externe, objectifs de réduction. L’accompagnement (via « Baisse les Watts », chambres consulaires) est un bon point de départ.

Allier court terme et long terme
Il faut combiner : des gestes rapides et peu coûteux (optimisation, éco-gestes) + des investissements structurants (isolation, équipements efficients, numériques pour piloter la consommation). Cela permet de lisser les effets et de bâtir une compétitivité durable.

Faire appel aux dispositifs d’aide
Les PME doivent veiller à bien connaître les dispositifs ouverts (guichet factures, amortisseur électricité, etc.) et les intégrer dans leur plan financier. Le défaut d’usage des aides peut coûter cher.

Collaborer et mutualiser
Des solutions comme le regroupement d’achats d’énergie, la mutualisation d’équipements, ou encore la mise en réseau de PME pour partager bonnes pratiques et retours d’expérience peuvent apporter des gains.

Vers une énergie plus locale et renouvelable
La transition énergétique peut devenir un moteur : l’autoconsommation, les installations photovoltaïques, les contrats de performance énergétique peuvent offrir des coûts stabilisés et un avantage concurrentiel. L’annonce européenne de 17,5 milliards d’euros montre la dynamique en cours. 

Anticiper plutôt que subir
Tout indique que la volatilité des prix ne va pas disparaître : entre tensions géopolitiques, transition énergétique, réforme des marchés européens de l’électricité. Un axe d’anticipation est donc indispensable.

7. Conclusion

La hausse des coûts de l’énergie constitue un choc majeur pour les PME françaises. Toutefois, loin de rester spectatrices, beaucoup d’entre elles s’adaptent : optimisation des consommations, ajustement des prix, investissements dans la transition énergétique, recours aux aides publiques. Ces actions, combinées, peuvent permettre de contenir l’impact sur les marges, de renforcer la compétitivité et de bâtir une résilience durable.

Mais l’adaptation n’est pas automatique : elle réclame une prise de conscience, une stratégie, des ressources et un accompagnement. Dans un paysage énergétique incertain, les PME qui intégreront l’enjeu de l’énergie à leur modèle seront mieux armées pour anticiper les turbulences futures.

Pour les dirigeants : ne pas laisser la question de l’énergie comme « une dépense comme une autre » mais en faire un levier stratégique. Pour les pouvoirs publics : maintenir l’effort d’accompagnement, simplifier les démarches et encourager les PME vers une trajectoire d’efficacité et de transition énergétique.

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