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Le vote du budget de la Sécurité sociale pour 2026 cristallise toutes les tensions politiques du moment. Entre pressions internes à la majorité, critiques virulentes de l’opposition et incertitudes sur les recettes, l’exécutif joue gros. Porté par Sébastien Lecornu, Premier ministre depuis trois mois, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) illustre les limites d’une majorité relative et les difficultés à bâtir des compromis durables.

Un texte sous haute tension

Le PLFSS 2026 a déjà connu un premier tournant avec l’adoption, vendredi 5 décembre, de sa partie recettes à l’Assemblée nationale. Avec 166 voix pour et 140 contre, Sébastien Lecornu a évité de justesse une impasse, sans pour autant dissiper les tensions. La suite s’annonce plus périlleuse : le vote final de l’ensemble du texte prévu mardi 9 décembre reste très incertain.

Le Premier ministre a tout mis en œuvre pour convaincre, multipliant les déplacements, les appels au compromis, et les prises de parole sur les réseaux sociaux. Dans un message posté en pleine nuit, il a tenté de rallier les élus réticents, en particulier au sein d’Horizons et des Républicains : « Ce budget n’est pas parfait, mais c’est le meilleur possible », écrit-il. Il appelle les députés à voter « en conscience, pour l’intérêt général ».

Une majorité instable

Si le gouvernement parvient à faire passer ce budget sans recourir au 49.3, ce sera une victoire politique. Mais la fragilité de sa majorité reste un fait. Certains députés Renaissance s’inquiètent déjà de concessions jugées trop importantes aux socialistes et aux écologistes. Du côté d’Horizons, le malaise est palpable. Christophe Béchu, maire d’Angers, estime que le texte va « à l’opposé de ce qui est souhaitable » : plus d’impôts, pas de maîtrise des dépenses.

Les Républicains, quant à eux, sont divisés. Leur chef de file au Sénat, Bruno Retailleau, parle d’un « triple hold-up » : fiscal, social et démocratique. Plusieurs députés LR pourraient pourtant voter pour, malgré la ligne officielle du parti. Idem chez Horizons : lors du vote des recettes, quatre députés ont soutenu le texte, contre la majorité de leur groupe.

Ce que contient la partie recettes du PLFSS 2026

La partie recettes du budget 2026 adoptée à l’Assemblée repose sur une série de mesures fiscales visant à réduire un déficit de la Sécurité sociale qui frôle les 16 milliards d’euros. Le gouvernement, sous pression, a dû revoir sa copie et faire des compromis, notamment avec la gauche. Voici les principales dispositions retenues.

Une hausse ciblée de la CSG sur les revenus du capital

L’une des mesures les plus débattues est la hausse de la CSG (Contribution sociale généralisée) sur les revenus du capital. Initialement plus large, la mesure a été recentrée : le taux passe de 9,2 % à 10,6 %, mais n’inclut pas les revenus fonciers, les plus-values immobilières, les contrats d’assurance-vie ni les plans d’épargne logement. Rebaptisée « contribution pour l’autonomie », cette hausse devrait rapporter 1,5 milliard d’euros, contre 2,8 milliards dans la version initiale.

Une taxation des complémentaires santé

D’abord rejetée en commission, cette mesure a finalement été votée. Elle instaure une taxe de 2,05 % sur les complémentaires santé, censée rapporter 1 milliard d’euros. Un compromis a été trouvé après des désaccords internes, notamment sur l’utilisation de cette recette pour financer la suspension de la réforme des retraites.

Une nouvelle taxe sur les laboratoires pharmaceutiques

Le texte prévoit aussi de remplacer la clause de sauvegarde par une taxation plus directe des laboratoires, avec un rendement attendu de 1,6 milliard d’euros. Les industriels du médicament dénoncent cette mesure, qu’ils jugent pénalisante pour l’innovation, d’autant qu’elle s’ajoute à des baisses de prix déjà imposées.

Ce qui a été rejeté

En parallèle, plusieurs propositions du gouvernement ont été écartées par les députés :

  • La taxation des titres-restaurant et Chèques-Vacances a été retoquée, malgré un potentiel de recettes estimé à 1 milliard.
  • Le gel du barème de la CSG sur les pensions et les allocations chômage n’a pas été retenu.
  • La suppression des exonérations salariales pour les apprentis, qui aurait généré 320 millions d’euros, a également été abandonnée.

Un équilibre budgétaire fragile

Même avec ces recettes nouvelles, le déficit reste élevé. Le gouvernement s’est engagé à compenser 4,5 milliards d’exonérations pour limiter le trou budgétaire. Mais cette opération revient à creuser davantage le déficit de l’État. En outre, les discussions autour des dépenses n’augurent rien de bon : la suspension de la réforme des retraites, voulue par le PS et acceptée par le gouvernement, va peser lourd. Le débat sur les retraites reste d’ailleurs en suspens, mais pourrait revenir sur le devant de la scène dès le printemps 2026.

Un enjeu politique majeur pour Lecornu

Pour Sébastien Lecornu, ce vote représente bien plus qu’un test budgétaire : c’est un enjeu de crédibilité. Le Premier ministre a misé sur une méthode parlementaire fondée sur le dialogue, le compromis et l’évitement du 49.3. Un vote favorable viendrait valider cette stratégie, renforcerait sa position au sein de la majorité, et ouvrirait la voie à d’autres réformes.

En revanche, un rejet du texte serait interprété comme un désaveu politique cinglant. Il relancerait les spéculations sur une éventuelle démission et fragiliserait encore davantage l’exécutif à l’approche des municipales de 2026. Plusieurs parlementaires de la majorité ne cachent pas leur inquiétude : « On ne peut pas se permettre de ne pas avoir de PLFSS », souffle un député Renaissance. « Ce serait ajouter de la crise à la crise. »

Un vote final sous haute surveillance

Le scrutin prévu mardi 9 décembre s’annonce serré. L’exécutif peut compter sur Renaissance, le Modem, le PS et probablement une partie du groupe LIOT. À l’inverse, le RN, les députés Ciotti, LFI et les communistes voteront contre. L’issue dépendra des écologistes (en cours de négociation sur une hausse de l’Ondam), des députés ultramarins, et surtout du nombre d’élus LR et Horizons qui décideront de franchir le pas.

Chez les députés macronistes, certains attendent la version finale du texte et le niveau précis du déficit pour arrêter leur position. Marc Ferracci, proche du président, a déclaré ne pas vouloir voter contre, tout en maintenant des réserves.

Conclusion : un budget à haut risque

Ce PLFSS 2026 est symptomatique des équilibres précaires du second quinquennat Macron. L’exécutif tente de gouverner sans majorité absolue, dans un contexte social et économique tendu, avec un déficit structurel de la Sécurité sociale difficile à résorber. En choisissant la voie du compromis plutôt que le passage en force, Sébastien Lecornu joue la carte du dialogue parlementaire. Mais cette stratégie ne peut réussir que si elle débouche sur des résultats tangibles. Verdict mardi.

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